Lancement de la résidence RESAC 2024

Le jour de la rentrée, le 8 janvier 2024, a marqué le lancement de la résidence RESAC (Résidences d’Artistes en Collège) avec le collège Sainte Marie de Beaucamps-Ligny. Cette année, le travail s’axera autour de la réalisation d’un ou deux courts métrages inspiré(s) du principe du screentest (bout d’essai). C’est la septième résidence artistique RESAC menée par Max René et Alphafilms et la seconde organisée avec le collège de Beaucamps-Ligny.

Découvrez le texte d’introduction à la résidence :

À L’ÉPREUVE DE L’IMAGE

S’exposer à l’épreuve de l’image, c’est un peu abandonner une partie de soi, faire confiance à l’autre qui nous regarde, et lui accorder une ouverture, un passage, vers la découverte de ce que l’on est. Ceci est le propre du cinéma, sa substantifique moelle, cette persistance du sujet dans la lumière qu’imprimait la pellicule autrefois et qu’enregistrent et codent aujourd’hui les caméras numériques. Ce numérique multiple qui entoure nos vies d’une infinité d’autres existences, d’autres visages, d’autres histoires, si nombreuses qu’elles se noient parfois dans un flot continu diluant les identités. 

Réunion d'écriture pendant la résidence artistique du collège Sainte Marie à Beaucamps-Ligny

 

Sur cette résidence, il est prévu de tourner avec les élèves deux films courts en partant de l’idée du screentest.

Au cinéma, un « screentest », ou « bout d’essai », permet de déterminer la photogénie et de mettre à l’épreuve la qualité de jeu d’un acteur ou d’une actrice pressenti(e) pour un film. L’exercice s’est un peu perdu avec le temps et de nos jours on parle plutôt de casting filmé. Le screentest possédait encore cette noblesse de la photogénie car il fallait un mariage subtil et sensible entre la caméra et l’acteur/l’actrice. Il s’agissait alors déjà de cinéma, déjà d’une histoire de rencontre. Cette persistance de la caméra (en plan fixe la plupart du temps) à vouloir filmer un visage qui tente à la fois de séduire avec ce qu’il est naturellement mais aussi de se transformer par l’incarnation de personnages provoque une sensation étrange au carrefour du réel et de la fiction. Nous vivons une époque chargée de crises d’identités ; le monde numérique trouble nos identités propres dans une multitudes d’autres et nous pousse toujours à nous affirmer, à nous démarquer malgré tout. Et puis, le monde réel révèle aussi des identités cachées ou tues depuis trop longtemps. Les questions de genres, de cultures, de valeurs, d’égalités, n’ont jamais été aussi centrales que de nos jours. Elles le seront tout autant pour les réflexions que les élèves engageront sur leurs films.

Le screentest est donc un moyen parfait de permettre à ceux qui le font de prendre le temps de l’observation et de l’écoute, de l’affirmation de soi et aussi de son décentrement, de la prise de conscience de l’autre. Il est un point de départ idéal pour créer des histoires : d’allure simple et discrète, il ouvre tous les champs du possible. Nous pourrons donc envisager pour nos films qu’ils dérivent vers d’autres territoires que le bout d’essai, qu’ils naviguent vers les genres et les références cinématographiques, qu’ils soient d’emblée naturels et légers pour finir spectaculaires et surréalistes.

La mise en place technique d’un screentest est relativement simple ; elle permettra donc aux élèves de se concentrer un peu plus sur les détails et les subtilités de leur création tels que l’intensité du jeu, la portée du discours, et les différents éléments subtils qui composeront les images et les sons. 

La résidence aura pour but d’apprendre aux élèves les rouages de la création cinématographique et audiovisuelle. De l’analyse d’images et de sons à l’apprentissage de l’histoire et du lexique cinématographique, de l’écriture du scénario à la prise en main des différents postes de tournage, jusqu’à la post-production et l’exercice de l’accompagnement en diffusion, toute la classe sera entrainée dans une aventure créative permettant un épanouissement tant collectif qu’individuel.

Les élèves auront accès à du matériel professionnel et seront responsabilisés dans son utilisation. Ils endosseront, pendant le tournage, de véritables postes techniques du cinéma (assistant réalisateur, scripte, ingénieur du son, machiniste…), apprendront à faire les liens entre technique et création, entre pratique et théorie. 

Il est prévu également de faire participer les élèves au montage du film afin qu’ils puissent être totalement acteurs de la technique et de la réalisation des œuvres qu’ils créeront de façon collective.

Enfin, le temps de restitution sera l’occasion aux élèves de découvrir cette dernière étape de la création d’un film, celle qui le voit vivre de façon indépendante dans les yeux et les esprits des spectateurs. C’est le temps des rencontres, des échanges, et de la prise de conscience véritable du travail abouti. Cela permettra de s’exercer à s’exprimer devant un public (des publics même puisque plusieurs projections sont prévues), à organiser un événement complet autour d’une projection (gestion du lieu, exposition, making of…).

L’épreuve de l’image, c’est savoir s’exposer soi-même, mettre en lumière l’autre, dans le cadre, et en dehors.

Max René